ONE MORE TIME.

rock my world into the sunlight, make this dream the best i've ever know.
dirty dancing in the moonlight, take me down like i'm a domino.
every second is a highlight, when we touch don't ever let me go.
✰ domino, @jessie j.

Tu poussas un immense soupir de soulagement en mettant un point final au long devoir concernant l'histoire des gobelins depuis les deux cents dernières années. Tu te fichais de ces derniers comme de l'an quarante, mais visiblement, ce n'était pas le cas de ton casse-pied de professeur. Ainsi, tu y avais consacré plus de deux heures, enfermé dans ta chambre afin de ne pas te laisser distraire. Ce qui était ta grande spécialité. Un rien t'éloignait de la tâche que tu devais accomplir. Que ce soit une jolie plante, un camarade ou bien simplement une mouche voletant autour de ta tête. C'était là ton principal défaut et tu prétendais que c'était à cause de lui que tu n'étais pas major de ta promotion. Ben voyons. En réalité, c'était que tu ne prêtais pas grande attention à tes études, au plus grand désespoir de tes parents. Tu voulais simplement profiter de la vie tant qu'il en était encore temps car tu savais qu'un jour ou l'autre, la pression pour te voir sur le trône serait encore plus forte. Tes parents n'avaient que faire de ce que tu pouvais vouloir. La seule chose qu'ils désiraient, c'était de te voir à la tête des Royaumes du Nord. Un plan qui était loin de te paraître idéal, notamment parce que tu n'avais pas envie de voir reposer tout une contrée sorcière sur tes frêles épaules. Fichu Destin. Fichu nom de famille.

Désireux de délaisser tes sombres pensées, tu enfilas rapidement l'équipement nécessaire pour braver le froid perpétuel de l'île d'Asgard afin de te rendre au sein du village sorcier. Tu allais assurément prendre du bon temps et laisser tes devoirs et autres préoccupations de côté. Ca, c'était un domaine où tu étais imbatable. Être irréfléchi et immature, telle étaient tes deux qualités premières. Bien que ce ne soit pas à proprement parler des qualités, mais bon. Tu espérais pouvoir trouver une jolie créature qui saurait capter toute ton attention et te désaltérer avec des choppes entières de whisky pur feu. Ca, c'était un programme enthousiasmant au contraire des montagnes de devoirs que tu avais encore à faire. Enfin, tu pourrais probablement trouver un fanatique des Banica prêt à te rendre service. C'était le seul moment où tu n'exécrais pas totalement ton nom de famille. Le reste du temps, tu te répétais inlassablement à quel point tu aurais préféré venir au monde dans une famille sans puissance qui aurait accepté tes choix d'avenir afin d'assurer ton bonheur. Et non pas une certaine réputation dorée.

Tu pénétras avec assurance dans l'Oeil du Dragon et, d'un simple petit geste en direction de la serveuse, tu lui indiquas de te servir la même chose que d'habitude. Automatiquement, un grand sourire illumina ton visage. Enfin, tu sentais la pression se relâcher et tes muscles se détendre. Tu te sentais un peu chez toi, ici, en quelque sorte. Après t'être débarrassé de ton énorme cape d'uniforme et ton écharpe, tu allas récupérer ta choppe avant de passer l'assemblée en revue. De nombreux élèves de Durmstrang se trouvaient là et décompressaient, tout comme toi, du rythme harassant maintenu par l'école. C'est alors que ton regard se posa sur une crinière blonde étincelante bordant un visage félin aux pupilles malicieuses. Viktoria Lupesco. Tout le monde se bornait à te dire que cette fille était une vraie diablesse mais, en réalité, tu la trouvais plutôt sympa. Peut-être parce que tu avais la manie de te faire manipuler sans même en avoir conscience ? « Salut beauté ! »

Fuir, c’est tout ce qu’elle désirait. Echapper quelques temps aux regards rieurs qui avaient enfin appris l’affront qu’on lui avait fait au bal. Viktoria avait espéré jusqu’au bout que cette divagation dans les bras d’Ulrich resterait silencieuse mais c’était sans compté sur la vengeance de Licshka qui voulait évidemment donner une leçon à la Lupesco. Leçon mordante qui rendait la jeune femme folle de rage n’appréciant guère de voir sa fierté ainsi bafouée. Enfilant son manteau et arborant sa toque de fourrure sur ses longs cheveux blonds, la demoiselle s’apprêtait à sortir, prendre l’air, s’occuper l’esprit sans craindre de croiser le regard pénétrant d’Ulrich. Toujours perchée sur des talons improbables pour un tel hiver, Viktoria traversait l’école, fusillant quelques personnes du regard, pénètrant l’esprit d’autres personnes pour torturer ceux qui affichaient clairement un sourire amusé. On ne se moque pas d’une Lupesco sans en payer le prix. Alors de ci, de là, elle faisait quelques arrêts, elle savait très bien ignorer les regards jaloux, la haine, la colère, ces sentiments qu’elle voyait au fond des yeux des autres la ravissaient mais la moquerie…oh ça non, elle ne pouvait laisser passer ça ou bien même agir comme si de rien n’était. Après avoir, fait pleurer une énième fillette qui venait mentalement d’apercevoir son petit frère bruler dans l’âtre d’une cheminée, Viktoria se sentit de suite mieux et soupirant avec un sourire satisfait, elle put enfin se rendre vers Asgard.

Elle franchit l’œil du dragon d’un pas assurée, quelques regards se tournèrent vers elle et à son plus grand soulagement aucun n’était emprunt de railleries, seul la peur ou l’admiration s’apercevait dans les quelques prunelles des élèves présents dans le bar. La jeune demoiselle posait alors son regard sur la serveuse avec un parfait sourire hypocrite et cette dernière lui servit immédiatement rhum groseille qu’elle apporta à une table un peu en retrait où la jolie blonde avait décidé de s’asseoir. La jeune femme sortit alors un livre, sirotant sa boisson de temps à autre tandis qu’une exclamation aux mots des plus plaisants la sortie de sa lecture. Levant les yeux vers celui qui venait de les proférer, Viktoria vit apparaître Levine Banica. Sang royal, beau, facile à manipuler, il était devenu une de ses proies pour se frayer un chemin vers le trône et dans la noblesse des royaumes du nord.

« Salut Banica » dit-elle avec un grand sourire.

Elle lui désigna un siège à ses côtés pour qu’il s’asseye auprès d’elle, puis elle porta de nouveau son verre aux couleurs rouges sombres à ses lèvres avant de le reposer. Posant son regard intense sur Levine avec un petit sourire en coin elle le taquina :

« Ca fait longtemps que je t’ai vu, chercherais-tu à m’éviter ou serais-tu trop pris par tes cours ? » Après un léger silence, elle continua « Enfin, tu sais que je suis toujours là si tu as besoin d’aide pour tes révisions. »

Viktoria avait balancé cela avec son sourire habituel qui explicitait tellement bien le sens caché de ses phrases. Levine était un homme à femmes, elle le savait. A elle de lui prouver que les autres avaient peu d’intérêt comparé à la jolie blonde.